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Equithérapie : Zoom sur le Burn Out

Dernière mise à jour : 22 mai 2020

Aujourd’hui le terme de « burn-out » est régulièrement utilisé pour désigner des états différents, menant parfois à de nombreuses confusions. Essayons de clarifier la définition et les symptômes du burn out.

« Syndrome d’épuisement professionnel » ou « épuisement au travail » sont les traductions les plus utilisées du terme. Cependant il est important de ne pas réduire le burn out à un simple épuisement. C’est un handicap psychique, souvent invisible, ayant d’importantes répercussions.


Le psychanalyste Herbert J. Freudenberger le traduit littéralement par « brûlure interne », et propose la métaphore de l’incendie suivante :

« En tant que psychanalyste et praticien, je me suis rendu compte que les gens sont parfois victimes d’incendie, tout comme les immeubles. Sous la tension produite par la vie dans notre monde complexe leurs ressources internes en viennent à se consumer comme sous l’action des flammes, ne laissant qu’un vide immense à l’intérieur, même si l’enveloppe externe semble plus ou moins intacte. » (Freudenberger, 1987, p. 3)[1]



LE BURN OUT EN DEFINITION


La psychologie, au delà de la définition, s’appuie sur un modèle de conceptualisation théorique. Aujourd’hui, celle la plus répandue et utilisée fut proposée par Maslach et ses collaborateurs[2]. Leur définition présente le burn out comme un syndrome psychologique qui apparaît en réponse à un stress chronique au travail et qui comporte trois dimensions. Elles s’articulent dans un processus évolutif plutôt que par étapes ou stades.


- L’épuisement : se traduit par une fatigue physique et psychique, une perte de ses ressources émotionnelles et de son énergie. C’est dans cette dimension que l’amalgame avec la dépression se fait le plus régulièrement. Mais le burn out ne se réduit pas à cette dimension de l’épuisement. S’en suit le cynisme.

- Le cynisme : l’épuisement entraîne des difficultés à s’investir et se mobiliser pour répondre aux exigences imposées ou rencontrées dans son travail. La personne développe des sentiments négatifs envers son travail, ses missions, ses collègues. Elle se met à distance dans ses relations, probablement pour se protéger. Cette dimension touche la sphère interpersonnelle et affective de la personne.

- La perte de sentiment d’accomplissement personnel : La personne ne se sent plus capable de faire face à des obstacles, ce qui impacte sa confiance en soi et son accomplissement.


Ces dimensions s’articulent dans un processus évolutif qui engendre un cercle vicieux. Au bout de ce processus, l’épuisement s’accentue. L’ensemble de ces difficultés peut se répercuter sur d’autres sphères que celle du travail. Les sphères familiales et amicales peuvent être touchées, engendrant cet engrenage.


Pour mieux comprendre les caractéristiques de l’état de brun-out et les processus y conduisant, voici la définition de Schaufeli et Enzmann :

« Le burn out est un état d’esprit durable, négatif et lié au travail affectant des individus ‘normaux’. Il est d’abord marqué par l’épuisement, accompagné d’anxiété et de tension (distress), d’un sentiment d’amoindrissement de l’efficacité, d’une chute de la motivation et du développement de comportements inadaptés au travail. Cette condition psychique est progressive et peut longtemps passer inaperçue du sujet lui-même. Elle résulte d’une inadéquation entre les intentions et la réalité professionnelle. Le burn out s’installe en raison de mauvaises stratégies d’adaptation associées au syndrome, souvent auto-entretenu » (Schaufeli et Enzmann, 1998, p. 36)[3]

Cette définition précise le cadre d’intervention proposé en équithérapie et la pertinence de la médiation par le cheval comme nous le verrons plus loin.



LES MANIFESTATIONS DU SYNDROME :


L’installation du syndrome est généralement progressive et insidieuse. Les manifestations du syndrome sont propres à chaque individu tant dans la forme que dans la fréquence. Elle se présente sur plusieurs plans[4] :

- Sur le plan physique : fatigue, maux de tête, maux de dos, trouble du sommeil

- Sur le plan émotionnel et affectif : anxiété, irritabilité, perte de confiance en soi, présence d’émotions négatives, et diminution d’émotions positives

- Sur le plan cognitif : plaintes, répercussions sur la mémoire, sur l’attention, sur la concentration, plainte de ces conséquences sur la dimension de la motivation, confiance en soi, fatigabilité.

- Sur le plan comportemental : isolement, repli sur soi, hostilité, démotivation, attitude négative envers le travail.



FACTEURS DE RISQUES & TERRAINS DE VULNERABILITE


Il n’y a pas de cause unique, l’origine d’un burn out est multi-factorielle. Il est alors d’autant plus important de s’intéresser à l’histoire des symptômes, particulièrement pour déterminer les objectifs d’accompagnement en Equithérapie.

- Les facteurs individuels[5] : ce sont les facteurs psychiques propres à l’individu comme le faible niveau d’estime de soi, la tendance au perfectionnisme, à la rumination, être consciencieux.

- Les facteurs épidémiologiques [6] : ce n’est pas tant l’âge ou le sexe de l’individu qui serait un facteur de risque, mais plutôt le niveau d’expérience professionnelle : le manque d’expérience pourrait jouer un rôle dans l’apparition du burn-out.

- Les facteurs environnementaux [7] : ils sont importants à prendre en compte :

o la charge de travail : la surcharge diminue la capacité de l’individu à répondre aux attentes. La personne prend moins de temps de récupération et ne trouve pas l’équilibre. Ce qui favorise l’épuisement professionnel.

o L’autonomie au travail : la participation de la personne aux décisions de son travail influe sur la notion de contrôle. Un manque de contrôle et d’autonomie engendre une diminution de l’engagement au travail. La personne n’accède plus à ses ressources pour répondre aux exigences.

o La communauté : coté interpersonnel au travail, La qualité des interactions au travail, les relations professionnelles interpersonnelles sont un support et un soutien social au travail. En cas de dégradation ou d’absence de ces relations, l’environnement de travail devient stressant.

o Les rétributions : elles peuvent être du type salaire, ou sociale comme la valorisation. Lorsqu’elles sont jugées insuffisantes par l’individu par rapport à son investissement, celui ci peut percevoir son travail comme dévalué.

o L’équité : la mesure dans laquelle les décisions sont perçues comme équitables et justes par l’individu au sein de son entreprise. Le fait de ne pas être traité de façon respectueuse ou les procédures jugées comme injuste par l’individus, peuvent favoriser des sentiments négatifs envers son travail, sa hiérarchie et les autres salariés.

o Les valeurs : la notion de valeur est très centrale dans sa relation au travail. Il est important de trouver l’équilibre avec ses valeurs personnelles. Plus il y a un conflit de valeur important avec celles de l’entreprise, plus le risque de générer du stress est important.

Rappelons cependant que ce sont des facteurs de risque pouvant construire un terrain de vulnérabilité. Les personnes rencontrant une ou plusieurs de ces difficultés sur leur lieu de travail ne développent pas forcément un syndrome de burn out.


BURN OUT : QUELLE PRISE EN CHARGE


Les recommandations [8] en terme de prise en charge invitent en premier lieu à un suivi par le médecin traitant et la médecine du travail. Par la suite il est recommandé un temps d’éloignement du travail par un arrêt de travail. Puis une prise en charge thérapeutique est préconisée, dans une approche multidimensionnelle et complémentaire.

Il s’agit alors d’accompagner le patient à :

o Augmenter et consolider ses ressources individuelles

o Identifier les facteurs déclencheurs et les facteurs de maintien du burn out

La prise en charge du burn out peut passer par des approches psycho-corporelles et cognitives afin de mobiliser les difficultés développées par le syndrome. L’Equithérapie répond à ce besoin et s’inscrit dans approche psycho-corporelle et cognitive médiatisée par le cheval.



L’EQUITHERAPIE : PRISE EN CHARGE DU BURN OUT

Le burn out atteint plusieurs dimensions de la personne. Celle ci rencontre des difficultés ou troubles sur le plan corporel, sur le plan relationnel, sur le plan de son identité, et sur le plan cognitif.

L’Equithérapie propose un espace de mouvement et d’action mobilisant le patient à travers ces dimensions. Lors de mises en situation avec le cheval, la personne identifie les causes et facteurs de ce syndrome afin de prévenir son maintien ou sa récidive. La personne réapprend à puiser dans ses ressources personnelles, à les développer ou les renforcer en réalisant des exercices, parfois des jeux de rôle avec le cheval.


La dimension corporelle :


Cette dimension est particulièrement liée à la question de l’épuisement. On observe une coupure aux corps, aux ressentis et aux émotions. Le mental prend le dessus et laisse place à la rumination. L’équithérapie offre un cadre d’expérience où le corps est pleinement sollicité. Elle permet de sortir de la verbalisation généralement présente en psychothérapie. En séance d’Equithérapie, la personne partage avec le cheval des moments de portage, des activités, des temps de pansage ou de travail à pied invitant à réinvestir son corps, à se reconnecter avec ses ressentis physiques et émotionnels. En développant cette écoute du corps, la personne peut progressivement reconnaitre les signaux pouvant l’avoir menée au burn out.

La présence du cheval, animal particulièrement connecté à la nature vivant le moment présent, invite à un ancrage et sollicite la personne dans « l’ici et maintenant », décalé de son agitation mentale habituelle.


« Apaiser le mental en faisant diminuer puis cesser les ruminations par la mise en mouvement : s’occuper de chevaux et interagir avec eux nécessite de se lever, de bouger et de mobiliser force physique et énergie. C’est très délicat quand on en a plus… j’ai réinvesti mon corps par la mise en mouvement obligatoire. »


Patiente accompagnée en Equithérapie.



« De retravailler sur mon corps, sur mes limites, de me reconnecter à ce corps, ça m’a permis de comprendre que je ne l’avais jamais écouté. (…) Pour moi c’était pour me reconnecter à tout ce qui est sensation, émotion et corps »


Patiente accompagnée en Equithérapie.




La dimension sociale :


Cette sphère est particulièrement impactée, on observe un repli sur soi et des difficultés relationnelles, particulièrement au travail. Le cheval invite à un échange relationnel différent, dénué d’attentes et de jugement. Il permet d’explorer et de comprendre le fonctionnement interpersonnel.

Communiquer avec le cheval demande de clarifier ses intentions et son message. Mettre le cheval en mouvement sans le toucher lorsqu’il est en liberté invite la personne à explorer une communication non verbale. Ceci amène un travail sur la confiance en soi, l’estime de soi, l’affirmation de soi, notamment impliqués dans la relation. La métaphore conduit la réflexion sur la question des ressources personnelles ; sa capacité à poser ses limites garantissant le respect de sa personne et de ses besoins.


« Poser des limites claires, constantes, inaltérables et les faire respecter pour garantir la sécurité de mon espace vital. Ce qui me permet de renforcer et d’expanser ma bulle énergétique. Ainsi, je me sens moins vulnérable et perméable au mal être d’autrui. J’accrois ma confiance en moi, en ma capacité à me défendre et à dire « non », à me positionner. Je développe davantage mes capacités à détecter, à m’écarter et à déjouer les jeux psychologiques auxquels je peux être confrontée. » Patiente accompagnée en Equithérapie.

Afin de renforcer le sentiment de pouvoir décider pour soi et de réinvestir un projet, un travail autour de son identité se construit en Equithérapie. Il est question de définir ce qui fait sens pour soi, quelles sont nos valeurs et nos limites. Le cheval invite à cette introspection. Les séances d’Equithérapie proposent un cadre rassurant, détaché du regard de l’autre, permettant un travail symbolique. Le cheval est un support de projection et un soutien émotionnel considérable.


La dimension cognitive :


Sur le plan cognitif les symptômes rencontrés peuvent être long à disparaître. Ils peuvent alors constituer les derniers freins à un réinvestissement dans le travail. C’est pourquoi ils ne sont pas à négliger. Ces difficultés font l’objet d’un travail spécifique en Equithérapie. La concentration, l’organisation, la mémoire, sont des domaines d’action régulièrement travaillés en Equithérapie. Filigrane en séance, ils sont travaillés à travers toute la prise en charge : s’organiser dans les tâches à réaliser avec son cheval, jeu de mémorisation, concentration accentuée sur des exercices, moduler l’activité... L’espace thérapeutique peut aussi être le lieu de mise en place de stratégies qui seront alors transposables au travail.

« J’ai compris que j’étais quelqu’un de très dynamique, mais qu’en fait, j’ai besoin, pour entrer en contact avec l’autre, de beaucoup de lenteur. Du fait de mon dynamisme j’y allais franco. Maintenant j’essaie d’aller moins vite, et surtout je suis plus douce avec moi, plus calme. »


Patiente accompagnée en Equithérapie.



Le contexte général de la prise en charge en Equithérapie :


L’atmosphère calme, sécurisante et ressourçante qu’offre l’environnement du cheval favorise la décontraction. La présence des chevaux, parfois en troupeau et en pleine nature invite à l’authenticité et favorise une reconnexion avec soi-même et à l’essentiel.

Le rythme parfois soutenu du travail et des contraintes horaires est annulé par le rythme plus lent du cheval. Parfois la contemplation des animaux et de la nature prend le pas sur l’action et le mouvement.

L’Equithérapeute veille à ce que la personne soit acteur de sa prise en charge. Souvent elle est invitée à faire des choix, à écouter son besoin, son envie, afin de reprendre confiance en son pouvoir et sa capacité à prendre des décisions pour elle même.

« Être davantage à l’écoute et connectée à mes émotions et ressentis, en étant présente à moi-même, habitant mon corps. Le comportement du cheval, en parfait miroir (lorsque je suis agité, angoissée, le cheval l’est aussi, ou il devient encore plus grégaire, ou envahissant …), me somme instantanément de vivre et d’intégrer cela dans mon corps, par la démonstration d’une implacable puissance de 500 - 600

kilos de muscles. » Patiente accompagnée en Equithérapie.



POUR CONCLURE :


L’équithérapie est une approche psycho-corporelle pertinente pour prendre en charge le burn out. Elle est complémentaire aux autres soins et prises en charge. Elle permet à la personne de percevoir et comprendre les signaux du burn out ainsi que de renforcer et de favoriser l’accès aux ressources personnelles.

L’accompagnement en Equithérapie s’adapte au profil symptomatologique de chaque personne afin de répondre au mieux à ses besoins. Le cheval est un réel partenaire dans cette démarche de soin pour un mieux-être général de la personne.


Plus de témoignages :

« Ne rien faire avec mon cheval (et moi-même), juste être : ne plus rien attendre de lui (et de moi), cesser de courir après des objectifs, simplement vivre et habiter l’instant présent, quel que soit ce qu’il a à offrir, en ralentissant ma marche, ma respiration, pour m’ancrer. Ainsi, je lâche prise plus facilement et j’accepte avec plus de recul ce qui vient, les changements, les imprévus et les vagues d’émotions. Du rien, tous les possibles peuvent émerger. »

Patiente accompagnée en Equithérapie.

« Comme ce sont des chevaux, je ne pouvais pas discuter avec eux, je ne pouvais pas les ‘embrouiller‘. (…) On tisse un lien qui est différent, il y a une interaction, on s’attache. Il y a une réaction rapide par rapport à ce qu’on fait corporellement ou dans l’intention, il n’y a pas de faux-semblant, il n’y a pas de possibilité de tromper. »

Patiente accompagnée en Equithérapie.



Merci à Marine JUNOD pour son travail de recherche sur « Les apports de l’équithérapie dans la prise en charge de personne en situation de burn out »,

et sa contribution pour la rédaction de cet article.




Julie ZENOUDA

Je vous accompagne en Equithérapie en Séances individuelles ou de groupes, en Ateliers Thématiques et en Stages de Développement Personnel avec le cheval à LATRESNE près de Bordeaux (33).




Sources : [1] Freudenberger, H. J. (1987). L’épuisement professionnel : La brûlure interne. Gaétan Morin [2] Voir par exemple Maslach, C., & Leiter, M. P. (2016). Understanding the burnout experience : Recent research and its implications for psychiatry. World Psychiatry, 15(2), 103‑111. https://doi.org/10.1002/wps.20311 [3] Schaufeli Wb, Enzmann D (1998). The Burnout Companion to Study and Practice: A Critical Analysis. London : Taylor & Francis. 224 p. [4] Haute Autorité de Santé. (2017). Repérage et prise en charge cliniques du syndrome d’épuisement professionnel ou burnout. HAS [5] Rakovec-Felser, Z. (2011). Professional Burnout as the State and Process – What to Do? Coll. Antropol., 35(2), 577‑585 [6] INSERM. (2011). Epuisement professionnel. In Stress au travail et santé : Situation chez les indépendants (p. 119‑128). Edp Sciences [7] Leiter, M. P., & Maslach, C. (2004). Areas of Worlife : A structured approch to organizational predictors of job burnout. In P. Perrewe & D. Ganster (Éd.), Research in Occupational Stress and Well-being (Vol. 3, p. 91‑134). Elsevier. [8] Haute Autorité de Santé. (2017). Repérage et prise en charge cliniques du syndrome d’épuisement professionnel ou burnout. HAS

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